Une architecture nimbée de philosophie
L’humanisme : C’est l’une des grandes forces de l’oeuvre de Jean Balladur. La Grande Motte est ainsi construite à « dimension humaine » et tout, jusque dans les moindres détails symbolise cet attachement de l’architecte à l’homme et son bien être. Ainsi l’architecte conçoit-il les dimensions des places, des cheminements, la hauteur des entresols, des lampadaires en se référant au fameux nombre d’or. Le plan même d’implantation des bâtiments joue un rôle fondamental dans la maîtrise du climat : les vents, parfois violents dans ce secteur, sont « peignés » (freinés) par ceux-ci. Ainsi, à l’abri du bâti, la vie est-elle plus douce et la végétation luxuriante… Jean Balladur souhaitant, qui sait, reconstituer sur terre le « paradis perdu » ?
L’équilibre entre les opposés : à La Grande Motte tout, du plan d’implantation à l’architecture, est contraste et complément. L’un des thèmes favoris de Jean Balladur est, ne l’oublions pas, « le dedans et le dehors » (l’un des textes qu’il rédigea pour le journal les Temps Modernes). Cette dualité est de toutes parts et comme un fil conducteur au travail de l’architecte. Le dialogue est fertile entre le vide des espaces publics et le plein des constructions, entre la minéralité du béton et le végétal des espaces verts, entre la part masculine (le quartier du Centre Ville) et la part féminine de la ville (le Couchant). Le rouge des sculptures répond au blanc des immeubles… en tous lieux les contraires se confrontent, se complètent et s’harmonisent.
L’espérance en l’avenir et l’innovation : quelle volonté, quel optimisme, quelle foi en l’avenir avaient chevillé au corps le groupe de femmes et d’hommes qui ont entouré Jean Balladur dans sa tâche! Ayant pour beaucoup connu la Resistance, ils en ont tiré une force qui leur a fait accomplir des miracles et permis de bâtir une ville. Leur créativité, l’utilisation des nouveaux matériaux, l’innovation dans les formes et les concepts, ont permis à La Grande Motte de devenir au fil des décennies, au delà de la station balnéaire, une ville « visionnaire ».
L’art et les symboles :Jean Balladur était parfaitement conscient du danger à créer une ville sans histoire, sans passé, sans souvenirs. Il va ainsi, au travers d’une symbolique forte et universelle, à l’aide d’une petite équipe d’artistes produisant directement sur le terrain, donner une âme à sa ville nouvelle. La Grande Motte est donc parcourue, d’Est en Ouest, d’oeuvres symboliques dont la fonction première est de lui donner une densité historique et narrative. La place des 3 pouvoirs (actuelle place du 1er octobre 1974) est ainsi ornée d’un labyrinthe initiatique; la grande pyramide est une référence au Pic Saint Loup; la place du Cosmos se pare d’un soleil, d’une lune et d’un globe terrestre; la passerelles des Lampadophores est la porte d’entrée symbolique dans une ville assaillie… pour les vacances !