Un regard sur l’architecture
Jean Balladur se destinait, avant l’architecture aux lettres et à la philosophie. On retrouve parfaitement cette qualité, cette plume inégalable dans les différents écrits qu’il a laissé.
Sur l’Architecture…
« La fonction première de l’Architecture est de faire habiter le monde par l’homme avec sureté, ce qui revient non pas à mettre l’homme dans le monde, mais à mettre le monde dans l’homme »
« L’architecture, on le voit, joue à La Grande Motte son rôle naturel d’organisation et de protection pratique de la vie de ses habitants, tout en leur apportant le système enrichissant des formes contemporaines du béton, associées à une symbolique qui parle à leur âme autant qu’à leur coeur »
« L’architecture c’est du concret ; c’est du pesant ; c’est du chaud, gênant comme u n corps endormi . L’archi tecture es t chose entre les choses . Tout le poids du monde immobilise nos oeuvres sur la terre»
… et les architectes
« Si j’étais Dieu, je me méfierais des architectes ! Ils sont les instruments subversifs du projet secret de l’espèce humaine : reconstruire le Paradis Perdu »
« Pour l’architecte, la dialectique du dedans et du dehors n’est pas une dialectique vaine, dépourvue de contenu et de vie, comme la dialectique de l’Etre et du Nonêtre. Elle représente la contradiction concrète du rêve des hommes qui lui demandent de la surmonter dans l’enveloppe de son art. Cette dialectique pratique nous apprend que des trois catégories cardinales de la réalité humaine : L’Etre, l’Avoir, et le Faire; C’est le Faire qui détermine les deux autres, en raison directe des progrès du Savoir »
Sur la ville
« Il n’est pas de rêveur assez fou pour tenter de croire qu’il peut bâtir une ville »
« La ville est un bien commun. Quelle serait la valeur humaine de ce bien si l’art en était absent ? Mais il y faut, surtout, la présence troublante de la sculpture et de la peinture qui fouillent le coeur, et portent témoignage du destin confus de la société même qui les interroge »
Sur les pyramides tronquées, l’un des motifs retenus à La Grande Motte
« La rigueur des formes pyramidales se voulait à la fois une évocation et une maîtrise des forces mystérieuses de l’au-delà. Dans cette plaine désolée, la géométrie des pierres devenait initiation rituelle aux pouvoirs occultes de l’architecture. Il va sans dire que ce souvenir n’est pas étranger à l’ordre pyramidal qui caractérise La Grande Motte »
Sur l’oeuvre d’art
« Quand elle était en place dans l’oeuvre bâtie – à sa place, unique et choisie – l’oeuvre d’art n’était pas d’abord langage et signe. Elle était présence. La tendre, la forte pensée de l’artiste, enracinée et vivante comme un arbre dans le lieu de son destin, parvenait à la lourde densité de la chose, à l’opacité fulgurante dé l’être. Les gens simples la comprenaient sans, effort, comme l’enfant reconnaît les siens avant le langage »