Quand l’architecte parle de ses sites
La Grande Pyramide
« Je n’avais plus qu’à donner à ce qui est aujourd’hui la « Grande Pyramide » la forme inverse du Pic St Loup … Il préfigure les courbes du couchant (le coté Yin, féminin) , avance un éperon raide à soixante degrés vers le levant (le coté Yang, masculin) … La Grande Pyramide qui marque aussi l’axe du port et sert d’amer aux navigateurs, domine le paysage ».
L’Hôtel de Ville
« J’ai fait trôner sur la place l’Hôtel de Ville … dans l’axe au RDC l’accueil des visiteurs, à l’étage la salle des mariages… En démocratie , les citoyens doivent primer les élus . De part et d’autre de cette primauté axiale, le bureau du maire et la salle du Conseil municipal. La découpe elliptique des baies exprime cette hiérarchie sur la façade… Pour moi un bâtiment public doit être un signal adressé aux habitants comme aux visiteurs ».
Eglise St Augustin
« …C’est la raison pour la quelle l’église, qui est la maison de Dieu, s’affirme par le signe de la parabole, qui ouvre ses branches jusqu’à l’infini pour mieux accueillir dans son foyer tous les destins parallèles des hommes qu’elle embrasse… des formes d’une architecture parlent et enseignent aussi par allégories, comme les paraboles de l’Evangile. »
La Fontaine
« … deux présences ajoutent du sens à la figure de cette place. Des jeux d’eaux, jaillissant des lèvres ou des vasques de la fontaine placée en fond de décor y font voir les diableries de l’eau. Le dessin d’un labyrinthe tracé par les marbres rouges et blancs du dallage … rappelle aux autorités qui le dominent … l’importance d’un parcours bien choisi . D’autres voient dans cette eau qui jailli des bouches le symbole des cancans et de la vox populi »
Le Palais des Congrès
« …Au passage, nous apercevons les ellipses Palais des Congrès . J’ai voulu que l’enfermement des auditeurs de concerts ou des participants aux congrès et aux conférences, ces prisonniers volontaires, apparaisse à l’angle du port comme le signe de leurs passions ou le réservoir de leur appétit de connaissances. La forme visible du bâtiment emprunte ses proportions et ses courbes aux théâtres antiques. »
La Passerelle St Jean
« La Grande Motte est en quelque sorte un lieu saint : les hommes et les femmes viennent y adorer le soleil . C’est une religion vieille comme le monde qui de nos jours connaît un regain de ferveur. Tous les ans une foule de pèlerin se met en marche vers le Sud dès le début de l’été… A ces noces périodiques il fallait un autel/ J’ai donc dressé le grand pylône à l’entrée de la ville comme une porte et je l’ai réglé sur l’horloge du ciel. Tous les ans le jour du solstice d’été il livre la ville au soleil quand l’astre est au plus haut de sa vigueur. Ses rayons pénètrent l’ouverture elliptique qui est percée au faîte de l’ouvrage et en projetant l’image sur le tablier du pont dans la forme parfaite d’un cercle, comme le sceau de la Sainte alliance. Le temps d’un éclair ; La Grande Motte est reconnue par le cosmos Elle devient la fille légitime de l’été. »
Le bâtiment du Point Zéro
» Quand le vent joue avec le sable il dessine des paraboles. Le Point Zéro est aussi une parabole qui embrasse la mer inconstructible. Il s’enfuit vers l’horizon. Ce fut un des tout premiers équipements édifiés sur la plage, le dos à la dune qui donna son nom à La Grande Motte. La loi mathématique de son tracé, déduit d’une suite de paraboles tangentes, remplit l’espace. Présente et invisible, elle amasse la lumière du large et projette sur la plage la fraîcheur des jardins et le murmure des fontaines. »
Textes tirés du livre « La Grande Motte, l’architecture en fête, ou la naissance d’une ville » de Jean Balladur aux éditions Espace Sud (épuisé)